Extrait du tout nouveau livre de Freddy Ghozland L’Herbier Parfumé : histoires humaines des plantes à parfum. Ce livre est très intéressant, où vous trouverez, histoire de la parfumerie, témoignage des parfumeurs sur leur parcours et créations. Un descriptif détaillé des principales matières premières naturelles de la parfumerie, leur odeur, leur pouvoir, leur utilisation. Recettes de cuisine avec l’utilisation d’essences parfumées, etc.
- 1° L’herbier Parfumé
Son prix public est de 35€ et ceux qui souhaiteraient le commander le recevront sans payer de frais de port.
- 2° Guerlain : Les flacons à parfum depuis 1828
Aujourd’hui épuisé, il en reste quelques dizaines d’exemplaires. Son prix public est de 59€, disponible directement en port gratuit également au prix de 55€.
Dans les deux cas, les internautes peuvent prendre contact directement à l’adresse suivante : à f.ghozland@akeonet.com
soit tel au 05 62 16 14 26
F. Ghozland 18, rue d’Assalit 31500 Toulouse
Les mots du Parfum
Si l’on est souvent capable de décrire un tableau ou une sculpture, de commenter un livre, un air d’opéra, on a souvent du mal, faute d’un vocabulaire qui lui soit propre à transmettre l’émotion que peut inspirer un parfum.
Chez Guerlain, j’ai eu un rôle de traductrice d’émotions entre le marketing et le parfumeur créateur, de transcription des souhaits du marketing dans le langage technique du parfumeur et j’entends souvent dire :
- C’est frais. – S’entend très souvent, c’est frais, ne cherchez pas de fraicheur technique, mais tout simplement ça sent bon, c’est agréable.
- Je le trouve trop acide, amer, il me racle la gorge, ça pique. – Quand un essai est un peu trop hespéridé et montant.
- C’est fort. C’est lourd. – Apparemment le parfum ne plait pas. Cela nécessite une aptitude particulière de développer des fragrances qui ne sont pas proches de votre propre gout et univers.
- C’est épicé. – Même s’il n’y a pas techniquement d’épices pour signifier que ce parfum a du caractère.
- L’odeur « vernis a ongles » ou banane ou une note laque. – Apparait souvent dans la bouche des femmes : le parfumeur va tout de suite comprendre qu’il y a notamment trop de notes acétate de benzyle.
- Cela me rappelle « la terre mouillée ». – Peut être due a un trop grand dosage de patchouli ou quand celui ci n’est pas assez habillé.
- Ça sent le bébé. – Induit une forte présence de muscs blancs ou de fleur d’oranger. C’est une odeur plutôt positive et appréciée, quand il y a un surdosage de notes musquées.
- Ça sent les légumes, la tomate. – Je l’ai noté dans un développement récent : quand les notes vertes, cis 3 hexenol, triplal étaient un peu seules et un peu brutes.
- C’est sale. – Ca sent la vache, le cheval ou l’écurie. Attention, cela signifie que les notes animales, indol ou cuirées ou « genre civette » ou paracrésol pour les notes « cheval » sont en excès. Le costus est souvent victime de commentaires peu élogieux, le comparant à des pieds ou chaussettes sales, voire à des cheveux gras.
- Ça sent le fromage. – Peut signifier aussi une note animale couplée à une note butyrique.
- Odeur proche de celle du baril de lessive ou de la savonnette. – Qui peut être une overdose de dihydromyrcénol ou simplement le parfum est trop musqué.
- Le bonbon, le caramel, le lait chaud, la guimauve, le gâteau qui sort du four. – Facile a corriger dans le parfum, vanilline, vanille ou pour le veltol qui peut donner ce coté framboise et caramélisé.
- La poudre de riz, ça sent le vieux. Ou le vieux livre, une odeur sèche « odeur qui gratte » très nasale. – Impression donnée par des notes trop irisées, et boisées, trop violette classiques mais, le mimosa peut également évoquer cet aspect rêche et vieillot. Le mimosa est une matière difficile à travailler.
- Ca sent le carton. – Cela peut être donné par un excès de notes solaires ou salycilées.
- La colle blanche. – Facile ! En effet c’est donné par l’aldéhyde anisique ou héliotropine ou coumarine.
- La tête de poupée, le celluloïd. – Poupées parfumée a la vanille, notamment la poupée « Corole », qui ont marqué les petites filles, elles n’oublieront jamais ces notes.
- Le marqueur. – Pour le paracrésol, ma collaboratrice repère le paracrésol quand elle me dit que ça sent le « marqueur ».
- Le foin, l’herbe coupée. – Référence plutôt positive qui bien évidement exprime les notes vertes, genre triplal.
- Le shampoing à la pomme verte. – À corriger ! Ce n’est pas un commentaire positif, ça fait un peu « cheap ».
- Ça sent le poireau. – Attention à la qualité de vertofix a savoir. Ça peut être gênant.
- La crème solaire, mes vacances, la plage, le sable chaud. – Si ces références sont volontaires dans le parfum, elles sont plutôt positives. Ces notes sont très appréciées et très « européennes » un peu moins connues des asiatiques et des américaines qui fuient le soleil.
- La mer, l’huitre, l’iode. – Je ne l’ai pas beaucoup entendu chez Guerlain. Ces produits sont utilisés en dose homéopathique.
- Ça sent le gaz oil, l’essence. – Souvent donné par un excès de notes vertes du style cis 3 hexenol.
- Le pain grillé, le brulé. – Probablement trop de pyrasines.
- Ça me vrille dans le nez. – Ce sont des bois ambrés (du style karanal) qui peuvent donner cet effet la. J’y suis personnellement très sensible et je les repère en PPM.
- Je ne sens plus rien, mon nez est comme anesthésié. – Il faut peut être y voir la présence de notes violette, avec les ionones.
Lors de mon dernier voyage au Canada, des journalistes m’ont dit d’un parfum Guerlain que je présentais : « C’té écœurant ce parfum là » et là surprise ! Elles le trouvaient juste : « Sublime ! ». D’où l’importance du décryptage ! Il est indispensable de comprendre ce qui se cache derrière les mots parfois crus et poser les bonnes questions pour approfondir le sens des remarques.
Parfums Sylvaine Delacourte
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